Le mélange des genres peut vous paraitre audacieux, voire même curieux.
Je m’essayais à imaginer les pensées de ces auteurs ; plongée furtive dans leur imaginaire, comme une petite fenêtre qui se serait ouverte dans une nouvelle dimension éphémère.
Vous noterez qu’il n’y a pas de dame, certainement pour pousser l’expérience à son paroxysme, cultiver l’inconnu jusqu’au bout de l’âme.
Mes propres mots sont bien petits autour de ces génies, je m’en excuse par avance et m’en remets à votre indulgence.
Je vais vous faire un brin de causette. Quelques mots couchés sur le papier à lettre.
Ce poète écrivain de génie qui conta l’histoire de Notre Dame de Paris, nous a laissé comme une évidence, la légende des siècles où le travail de toute une vie.
En pensée, voilà que je me rends à son vieux bureau.
Un portrait règne en maitre et veille.
On peut sentir l’odeur de l’encre mêlée à celle de la poudre acre, car c’est ici que naquit Gavroche l’enfant des rues, issu du chef d’oeuvre qui n’a de Misérable que le nom, et dont on connait le sacre.
Je coupe court à cet aparté, à coup de H comme Hugo.
Monsieur, malgré les œuvres de vos contemporains, voisins de palier sur ma bibliothèque organisée, c’est l’un de vos romans prestigieux que je relirais, si je devais vivre les derniers jours d’un condamné.

Ce fil rouge est consacré à l’auteur de la ligne verte.
Que je n’aimerais pas trainer dans les couloirs de son inconscient.
Écrivain fantastique, le roi de l’horreur a le sang chaud pour dépeindre avec sang froid les cavaliers de l’apocalypse.
C’est de sa faute si le vieux clown au nez rouge ne nous fait plus hurler de rire, il incarne désormais le mal et l’épouvante et bien pire.
Je le vois cloitré dans sa tour sombre, entouré de ces âmes au pouvoir maléfique, œuvrer sur ses pages vendues en grand nombre,
fruit du travail de sa plume prolifique.

Que les fleurs du mal me font du bien.
Je les ai cueillies une par une et solennellement rangées dans un vase de spleen, la fusion de leur sens a empli lentement l’espace de sa tristesse divine.
Ce bouquet de mélancolie nous rappelle qu’il n’y a pas de roses sans épines,
et qu’il y a peu de choses ici qui ne nous peine ni nous chagrine.

Dans un songe d’une nuit d’été, comme dans un rêve éveillé, j’étais Juliette fille de Capulet qui s’est promise à son Roméo.
Comment ne pas imaginer l’auteur des amants de Vérone puisant son inspiration outre tombe,
sans cesse tourmenté par la question désormais scellée : Être ou ne pas être.

Tous mes sens en éveil, je referme le livre.
L’odeur envoutante de la lavande, le concerto strident des cigales, le gout anisé du petit jaune, la vue panoramique de la garrigue solide et la terre rêche entre mes doigts, lourde comme une boule de pétanque.
Je referme les yeux. Je suis sur le vieux port, j’aperçois les joueurs de manille, la partie a commencé.
A travers le carreau, j’observe. Dans la bataille, les dames mènent le jeu, elles jouent leurs atouts lorsque l’un des joueur baisse sa garde, qui s’y frotte et s’y pique. Il se couche à sa botte sans faire un pli : tu me fends le cœur !

« Quand je pense aux livres de chevet de certains de mes amis, je me demande comment ils font pour se réveiller. » – Marcel Achard
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