C’était il y a quelques années dans les rues de Montpellier.
Quelques artistes de rue, des sourires, des gens esseulés.
Et puis il y a moi, de l’autre côté de la scène.
Moi, la spectatrice qui s’émeut, qui sourit, qui a de la peine.
Moi qui tente de figer ces instants pour ne pas oublier.
C’était il y a presque 10 ans, où sont-ils ces gens que j’ai croisés…
–
L’homme de la liberté, comme j’aime à l’appeler.
Il était comme un penseur, une statue figée, privé de tout mouvement, sans la moindre liberté.
Les passants autour de lui ont bien essayé de le déconcentrer. Mais imperturbable et impassible, l’homme-statue n’a jamais bougé.
J’ai mis une petite pièce dans son chapeau modeste. Finalement c’est moi qui ai fait un petit geste.

Au détour d’une rue j’ai croisé ce couple qui m’a poliment demandé un peu de monnaie.
J’ai eu l’audace de leur proposer en retour d’accepter de poser.
Ils m’ont offert un sourire en échange de bon procédé.
Je suis repartie bien plus riche qu’avant d’arriver.

Le visage de la dame au fauteuil s’est illuminé à la vue de ce petit chien tout agité.
Ainsi, de simples rencontres nous rappellent que le bonheur est souvent à notre portée
et qu’il nous faut nous adapter, quelles que soient nos vies et nos réalités.
Si tu veux une pomme va la chercher…
Si la pomme est trop haute, prends un bâton.
Si la pomme est abîmée, ne mange que le bon côté.
Si elle n’est pas mûre, sois patient.
Si elle l’est trop, fais-en de l’engrais.

Cet homme endormi au coin de cette rue,
n’avait probablement pas aperçu la flèche qui pointait vers lui.
Cette invitation à rejoindre son triste club, moquerie de la vie et triste ironie.
Le club des gens probablement trop seuls, auquel évidemment personne n’accepte d’adhérer.
Un espoir de vie trompé, une carte d’infidélité.

Que je fus frappée par le son de la scie musicale, elle vous emporte l’âme.
C’était à couper le souffle et très vite je tombais sous le charme.
Entre deux morceaux le saltimbanque tournait lentement sa manivelle,
L’orgue de barbarie entonnait alors une nouvelle ritournelle.

Ma pensée au moment où ce cliché a été pris : où est cette femme sur la photo et que fait-elle à cet instant précis ?
Pendant que lui traque son prochain repas, le boire et le manger qu’il lui faudra trouver,
la belle ne sait surement pas qu’elle le foule à ses pieds.
C’est cette étrange idée qui me fait songer, non sans indifférence, au curieux déséquilibre de la vie.
Un jour on danse quand l’autre plie, un jour on pleure quand d’autres rient.

L’étrange homme-tortue paraissait courir deux lièvres à la fois.
Alléger son paquetage pour pouvoir avancer. Fouiller dans les parages et trouver d’autres objets.
Cette cigale là a déchanté tout l’été. C’est à pas de fourmis qu’elle tentera d’avancer.
S’il est gueux comme un rat d’église, dans les villes ou dans les champs, on espère qu’enfin aujourd’hui la vie lui sourit.

Qu’il est bon et joyeux l’air d’accordéon, lointain souvenir du mariage de l’oncle Léon.
En attendant ce tramway que je nommais vraiment désir, j’ai écouté ces notes avec le plus grand des plaisirs.
J’ai aimé ce contraste temporel porté par cette musique d’une époque ancienne,
dans un décor d’un tout autre temps, animé, urbain et moderne.

“Une rue, c’est ce qui va quelque part. Ça marche de chaque côté de nous comme une procession.” – Paul Claudel
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