Petite-fille de paysans, je suis fière de mes origines.
Voir mes grand-parents travailler les mains dans le sol m’a appris à garder les pieds sur terre.
Entre labour et labeur, j’ai des histoires à raconter à la pelle,
mais il va falloir que je pioche parmi les meilleures.

Curieusement, c’est lorsque l’on a la main verte que l’on a le plus souvent les ongles noirs.
Parfois, alors que je jardine, je regarde les rangées de terre grasse sous mes ongles et les sillons colorés de mes doigts, cela me donne le sourire.
Je pense aux mains de ma grand mère, elle qui n’avait de cesse de mettre la main à la pioche.
Finalement la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre…

Il faut attendre les semailles et les moissons pour espérer découvrir le blé en herbe.
La culture n’est pas chose aisée.
Raisins de la colère ou fleurs du mal, sachez que pour faire prendre racine
il ne faut jamais bayer aux corneilles et toujours savoir tirer l’eau de la fontaine.
Finalement, après le blé nous pourrions planter des radis, mais saurions nous choisir entre le rouge et le noir ?

Du pain, du vin, du fromage.
Heureux qui a du pain sur la planche et n’est pas contraint de mettre de l’eau dans son vin.
Un frugal déjeuner après l’effort, le pain fermement pétri échange des saveurs parfumées avec le vin au tanin expressif.
Mais inutile d’en faire tout un fromage d’autant que cela me rendrait chèvre !

Aujourd’hui, lorsque je croise sur mon chemin de vieilles fermes abandonnées,
il me semble entendre les murs raconter la vie de ceux qui y ont vécu durant des décennies.
Je pense à l’histoire de ma grand-mère,
je pense aussi à celles contées par son frère, mon grand-oncle écrivain Paul Vezinet,
dont l’un des derniers romans porte un regard sur 150 ans de vie cévenole.

« Les paysans sont sans cesse au travail et c’est un mot qu’ils n’utilisent jamais. »
– Anton Tchekhov –
****
****
Votre commentaire