Je ne suis pas un cordon bleu mais j’aime beaucoup être aux fourneaux,
et n’étant pas Loiseau, loin s’en faut, je ne mange pas vraiment comme un moineau.
On ne peut pas dire que je sois menue, aussi il serait bon que je me mette au vert.
Mais dès que que je parle de jeûne, il faut que je remette le couvert.
Lorsque j’ai un petit creux, j’attends le trou normand et
Parfois je mange comme quatre, en deux temps trois mouvements.
Alors avant de manger mes mots je vais être raisonnable,
J’ai des choses à vous raconter, il est temps de passer à table.
C’est une jolie contradiction, dans ma cuisine je vis ravie.
Je trouve plus de légèreté où s’amoncèlent les calories.
Qu’importe la matière grasse, je fais mitonner matin et soir,
c’est une façon de mettre un peu de beurre dans mes épinards.
Parfois j’en ai ras-le-bol quand je ne suis pas dans mon assiette,
Chagrine, je regagne ma cuisine, et là je chante à tue-tête,
Je chante comme une casserole mais j’ai un joli coup de fourchette.
Voilà, j’ai du pain sur la planche pourtant je n’en perds pas une miette.

Il arrive que l’ennui s’invite dans notre train de vie de nantis,
Alors que les frigos sont moins remplis que les armoires à pharmacie.
J’ai un ami Insupportable qui me Téléphone sans arrêt,
Il parvient à garder la ligne bien que toujours très occupé.
Il me dit que son père ne dort plus sans prendre ses calmants
et que sa mère ne travaille plus sans ses excitants.
Pardonnez-moi si je vous dis que la pilule est amère,
Être heureux et vivre mieux serait-il si pénible à faire ?
Vivons sans l’ordonnance de ces traitements qui nous dépossèdent,
Soyons indépendants et aux grands maux SANS les grands remèdes.

Il est dit qu’une grande partie de la planète cherche, en vain, à se nourrir,
Alors que de l’autre côté on peine à moins manger seulement pour maigrir.
Il semblerait que quelque chose cloche.
La faim du monde, ébauche et débauche.
Deux poids deux mesures, pesant comme un monde à double régime,
la guerre de masse que l’on montre du doigt quand la maigreur désigne le sublime.
Planète à deux vitesses qui balance entre poids et contre-poids tarés,
Seulement faut-il avoir pitié de l’envie ou bien faire envie que pitié.
Une entité mondiale avec un gros poids sur l’estomac et un tout petit pois comme intellect.
Apprendre à considérer chaque bouchée comme un luxe, assis du bon côté de l’assiette.

A travers la grille qu’il nous est défendu de franchir,
sommeillent et veillent les plats interdits, tous les mets à fuir.
Lipides, glucides, protéines et autres nutriments majeurs
Sont comptés, répertoriés et soumis au calculateurs.
Lors de diners d’exceptions parmi nos Visiteurs ravis,
Ne jamais baisser la garde et que trépasse si je faiblis.
Malgré tout, rappelons nous que la faiblesse n’épargne personne,
Nous avons déjà bravé l’interdit et finalement croqué la pomme.

Lorsqu’on a la chance de vivre comme un coq en pâte,
on aime se soigner, bien manger, alors on se gâte.
Il faut prendre soin de faire de bons choix raisonnés,
Et de bien contrôler tout ce que l’on va manger.
Avant de le précipiter au fond du panier,
Savoir veiller au grain et tout décortiquer.
En somme, je dirais qu’il faut marcher sur des œufs,
Afin d’éviter un incident trop fâcheux.
Il faut vivre chaque jour sans savoir à quelle sauce on va être mangé,
Puissions-nous prendre le bouillon sans perdre quelques plumes à la volée.

« Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. » – Molière/Socrate
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