Je fais souvent le même rêve. La vie est un tableau que l’on peint.
Une touche de pinceau sur la toile, un peu chaque jour.
En ce moment l’usage du noir est de rigueur, alors j’ai préparé une palette de couleurs, et tout en nuance,
j’ai tâché d’ajouter de l’éclat ça et là, pour empêcher l’âme de se dégrader.
Tel un retour sur le passé où le moral était bon, un peu comme une machine à remonter le ton.
Lorsque quelque chose me mine, la créativité est mon échappatoire.
Peindre, dessiner, photographier… Tous les moyens sont bons pourvu que je m’esquive dans l’esquisse.
De l’ébauche au croquis, fidèle à la voie que je me suis tracée,
je mets un point d’honneur à être à la hauteur de mes desseins.

Serait-ce exagéré d’affirmer que cette photo là m’a donné bien du fil à retordre ?
Je vous laisse imaginer le soin et l’application que représente toute la mise en scène, j’ai eu du mal à en découdre.
Mais je brode à n’en plus finir !
Je voulais juste que vous compreniez que, là encore, j’ai mis beaucoup de cœur à l’ouvrage.

Une douce nostalgie m’envahit lorsque je vois ces bâtonnets pastels.
Je vous brosse le tableau : dressées sur une partition blanche, des lettres soigneusement tracées à la craie s’affichent fièrement.
Véritable coup de maître, elles sont tantôt rondes, chancelières ou cursives et se dessinent
en grinçant parfois plus que nos oreilles ne peuvent le supporter.
Mais comment ne pas pardonner devant tant de finesse et de beauté…
Allez, on efface l’ardoise !

Il est dit que les mots s’envolent et les écrits restent. Tout est affaire de plume.
Lorsque nous vient l’envie d’écrire, qu’importe alors l’élégance et la tournure,
et ne vaut-il pas mieux jeter l’encre plutôt que risquer de voir ses rêves sombrer dans le noir ?
L’envie me donne des ailes et je persiste à me passionner pour tout ce que je fais.
Cela m’a offert quelques petits succès à la volée, quelques encouragements enivrants,
mais je garde les pieds sur terre car je sais parfaitement qu’une hirondelle ne fait pas le printemps.

Qui n’a pas vainement tenté de résoudre le casse-tête le plus célèbre de la planète ?
Si j’ai réussi une fois je ne parviens désormais plus à accomplir la prouesse.
J’ai bien essayé de me creuser la tête mais j’ai eu un trou.
De verte de rage à rouge de honte, j’ai fini par renoncer, et j’ai très vite retrouvé mes propres couleurs.
Mais je dois bien reconnaître que j’ai perdu la face.

“La couleur surtout et peut-être plus encore que le dessin est une libération.” – Henri Matisse
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